Raconte-nous cet album...
C'est un album qui m'émeut beaucoup, qui est plus maîtrisé que le précédent. Réalisé dans des conditions parfois extrêmes, il a été tiré à 60 exemplaires numérotés. La galette était peinte à la main. J'ai tout fait dessus, sauf la maquette, qu'a réalisée Valérie Charlanne. Un huit titres vraiment beau, qui a été aimé ou détesté par les rares personnes qui l'ont entendu.

Un tempo toujours lent...
Oui, le temps de m'habituer... Un discours sombre, craintif, révolté, souffrant, mais en même temps clairement énoncé. Je pense qu'à un moment, j'ai voulu maîtriser la violence que j'avais en moi, et la transformer dans une intensité faible. Ce tempo, c'est aussi le temps de la création, car ces titres venaient dans une sorte d'improvisation créatrice.

Une voix douce...
Là encore, c'est lié à la fois à un désir d'intimité et aux conditions de production : logements exigus dont le voisinage est sensible aux excès sonores. Et la douceur aussi est un masque pour un discours au fond dur : âpreté sexuelle, révolte contre la police de Vichy, alarme écologique, difficulté à vivre et à aimer.

Par rapport au précédent, il y a de la lumière, des présences pleines de beauté...
Oui, il y a Selma, Magdalena, la femme tombée dans le canal... Des êtres côtoyés à l'époque qui me donnaient un vague sentiment de fraternité. En fait, c'est l'album d'une année pendant laquelle une certaine sérénité a fait un chemin en moi et qui m'a donné l'espoir de m'ouvrir vers les autres.